Chapelle Sainte-Anne

Visite virtuelle de la chapelle Sainte-Anne

Bienvenue à la visite virtuelle de la chapelle Sainte-Anne, petit bijou du centre institutionnel de l’ancien village de Lauzon construite en 1789! Cette même année, à Paris, débutait la Révolution française, il s’agit donc d’une année symbolique. La construction en maçonnerie reprend d’ailleurs toutes les caractéristiques architecturales traditionnelles et d’inspiration française de la fin du 18e siècle. Toutefois, la qualité de son ornementation intérieure, œuvre du menuisier Clément Giguère, ajoute prestance et orgueil à ce petit bâtiment. La construction de cette chapelle a été possible grâce au don d’un terrain « […] proche du chemin du roi pour y construire une chapelle en l’honneur de Sainte-Anne » par le cultivateur Joseph Samson, tel que relaté dans l’œuvre Histoire de la Seigneurie de Lauzon de Joseph-Edmond Roy.

Le centre institutionnel de Lauzon

Cœur de l’ancienne seigneurie de Lauzon, le magnifique centre institutionnel comporte de nombreux bâtiments de grande qualité architecturale dont l’église (1830-1832) et son ancien presbytère (1910), l’ancien collège de Lauzon (1855), le couvent Jésus-Marie (1855), l’ancien hôtel de ville (1875) et les deux chapelles de procession (1809-1822 et 1789). Ces dernières étaient particulièrement utilisées lors de certaines fêtes religieuses et de manifestations populaires et contribuaient ainsi, tout comme les croix de chemin et les calvaires, à faire « descendre Dieu dans la rue » (Jean Simard, L’art religieux des routes du Québec). On ne peut d’ailleurs passer sous silence le contexte ouvrier de Lauzon avec la succession de chantiers maritimes qui se sont implantés sur les rivages du fleuve tout au long du 19e siècle, dont les chantiers Davie pour qui la présence est indissociable à l’identité et au développement économique, culturel et social de Lauzon. Il ne fait aucun doute qu’à une certaine époque, les chapelles de procession représentaient un lieu accessible et de réconfort pour la population locale et pour les travailleurs dont les conditions de travail comportaient de nombreux risques d’accident.

Sauvée miraculeusement !

La chapelle Sainte-Anne n’a pas toujours été bordée d’un parc. À une certaine époque, le petit bâtiment était entouré, pour ne pas dire étouffé, par les bâtiments voisins. Un petit passage de moins d’un mètre permettait l’accès à une petite sacristie qui, elle, était directement appuyée contre la résidence voisine. Le 18 mars 1981, un important incendie a ravagé le bâtiment de quatre appartements qui partageait un mur mitoyen avec la sacristie. Grâce au travail des pompiers, la chapelle a pu être sauvée, mais elle a toutefois subi d’importants dégâts, principalement à la sacristie. Certains ont souligné qu’il s’agissait d’un miracle puisque les vents étaient particulièrement violents lors de la tragédie. Miracle ou pas, la disparition de la résidence voisine a permis à la chapelle de retrouver une visibilité perdue avec le temps.

Une initiative réussie

L’incendie de 1981 a fait prendre conscience de la précarité de ces bâtiments historiques et de l’importance de leur conservation. À la suite de la tragédie, la Société d’histoire régionale de Lévis (S.H.R.L.) a mis de l’avant une initiative afin de reconnaitre l’importance des deux chapelles de Lauzon et de sensibiliser les différents acteurs locaux à leur préservation. La détermination des administrateurs a grandement contribué à la mise en place d’un important chantier de restauration en 1986. Les travaux ont permis de réhabiliter l’ensemble de la maçonnerie dont la détérioration était avancée et à redonner à la chapelle son apparence d’origine. Depuis, plusieurs campagnes de restauration ont été réalisées afin de préserver ce monument tout en mettant en valeur ses caractéristiques d’origine. En guise d’appui aux initiatives locales, le député de Lévis, Jean Garon, écrivait en 1981 dans le bulletin de la société d’histoire : « J’encourage tous les membres actuels de la S.H.R.L. de continuer leur travail de sensibilisation auprès de la population de la Rive-Sud, afin qu’elle s’intéresse davantage à son histoire et s’implique dans la protection de son patrimoine exceptionnel, dont les origines remontent aux premières années de notre patrie ». Inutile de préciser que le message du futur maire de Lévis (1998-2005) a alors été entendu puisque la société historique a été et est toujours très active au sein de la communauté lévisienne.

La sacristie

Bien que semblable quant aux différentes caractéristiques architecturales à sa « jumelle », la chapelle Saint-François-Xavier, la chapelle Sainte-Anne possède un trait distinctif qu’il importe de souligner. En fait, il s’agit de l’unique chapelle de procession au Québec à posséder une sacristie! Cette dernière aurait été ajoutée lors de travaux d’agrandissement réalisés entre les années 1892 et 1896, grâce aux talents de Clément Giguère, au coût de 152$. Le monument adopte ainsi les traits et la fonctionnalité d’une église miniature! Observez l’inclinaison insolite des lucarnes avant et arrière. L’orientation de celles-ci permettait de créer un puits de lumière et de capter un maximum de lumière dans l’ombre des bâtiments voisins.

Espace sacré, espace populaire

Une jolie balustrade délimite l’espace réservé au culte de celle accueillant les fidèles. On note que la portion sacrée est beaucoup plus ornementée que celle réservée au peuple. Dans les témoignages oraux, on relate qu’il y avait autrefois un jubé occupé par un orgue dont l’accès se faisait par un escalier extérieur. Le jubé et l’accès auraient été démolis au cours du 20e siècle. Surprenant n’est-ce pas?

Le décor intérieur

L’intérieur est joliment décoré. Un maître-autel, réalisée au coût de 50 piastres et construit en 1893 par Clément Giguère, occupe le chœur en hémicycle. Un tabernacle ainsi qu’une niche centrale accueillant une statue de Sainte-Anne transmettant les enseignements à Marie (1892) occupent l’espace central. Le maitre-autel abrite un coffre vitré dans lequel on retrouvait autrefois les reliques de Saint-Constant. Deux tableaux (1894) représentant Saint-Joseph et Saint-Joachim, réalisés par mère Saint-Ligori de la Congrégation de Jésus-Marie localisée à quelques mètres de la chapelle, soulignent l’élément central. De tout temps, des éléments décoratifs furent offerts par des paroissiens : nappes, lampes, diadème, éléments liturgiques, chandeliers, guirlandes, tapis, persiennes, chasuble, etc. Certains de ces éléments sont toujours présents alors que d’autres n’ont pas résisté au passage du temps. Bien que la chapelle conserve une certaine modestie, chaque détail qui accroche l’œil est ornementé et participe à un rappel de l’histoire religieuse. Ici, la trappe du clocher est décorée par l’envol de la colombe, encerclé de faisceaux de lumière.

Des histoires à raconter

Quand on frôle les 250 ans d’existence, bien sûr qu’on a été témoin d’événements particuliers et qu’on a des histoires à raconter! Voilà donc quelques faits et anecdotes reliés à ce monument bicentenaire. Mariage intime Puisque la chapelle était d’abord réservée aux fêtes religieuses, il fallut attendre plus de 100 ans avant d’y célébrer le premier mariage. L’honneur revint à Joseph Jolicoeur et M.-Philomène Samson qui échangèrent leurs vœux dans le décor intime de la chapelle Sainte-Anne en 1894. Au voleur! En 1898, un jeune a été pris en flagrant délit alors qu’il volait le contenu du tronc (boîte destinée à recueillir les dons). Le jeune délinquant fut condamné à deux ans de Réforme à Montréal. Le tronc fut alors changé, sans doute par celui qui est toujours en place aujourd’hui, sur la balustrade. Parlant de sécurité, il est intéressant d’observer la quincaillerie et les différents loquets de toutes époques sur la porte principale. La clef principale est d’ailleurs cachée quelques part dans le bâtiment. L’avez-vous remarquée? Miracles Lors de la Fête de Sainte-Anne en 1893, on célébra une première grand’messe à la chapelle. On rapporte que deux miracles se sont produits alors qu’une jeune femme et une petite fille, toutes deux infirmes, auraient été guéries à la suite de la célébration.

L’initiative « Sauvons nos chapelles »

Sous l’initiative de la Société d’histoire de Lévis, les chapelles de procession Saint-François-Xavier et Sainte-Anne ont été classées en 1977 par le gouvernement du Québec. Ce geste a certainement permis de préserver ces monuments à une époque où leur avenir et leur conservation étaient précaires. La Ville de Lauzon a récupéré les monuments en 1986 et a procédé à leur restauration. Depuis, des organismes locaux se chargent d’animer ces lieux en y présentant des expositions ou en effectuant des visites et conférences.