Chapelle Saint-Joseph

Bienvenue à la Chapelle Saint-Joseph

Qui n’est jamais passé devant cette jolie et intrigante chapelle sans se demander à quoi elle peut bien servir, quels secrets elle recèle et ce qu’on y trouve à l’intérieur? Grâce à cette visite virtuelle, nous vous invitons à plonger dans le contexte du début du 20e siècle et à faire la découverte d’un petit monument en apparence, mais aux grandes aspirations populaires.

Des portes voyageuses

Les jolies portes rouges sont celles d’origine. Elles furent remplacées dans le courant des années 70 par un modèle moins adapté. Heureusement, un ancien employé du CN-VIA Rail, M. Jacques Boutin (1929-2016), avait soigneusement conservé les portes d’origine. Grâce à lui, elles purent être restaurées puis remises en place en 2011.

Petite et robuste

Avez-vous remarqué l’imposante profondeur des tablettes de fenêtres? Cette observation donne des indications quant à l’épaisseur des murs de pierre. D’ailleurs, cette maçonnerie n’est pas sans rappeler celle de l’église de Saint-David érigée 25 ans plus tôt (1877). Chose certaine, un tel ouvrage est d’autant plus impressionnant sur un bâtiment de plus petit gabarit puisque les proportions architecturales sont différentes!

Unique en son genre

Contrairement aux chapelles de procession que nous retrouvons dans les villages du Québec, celle-ci se distingue par sa construction en pierre massive, coiffée d’un dôme, par la présence de son abside ainsi que par son plan en forme de croix grecque.Le fronton de la façade est surplombé par un petit clocher sur lequel est posée une sculpture de Joseph portant l’Enfant Jésus. Quant au dôme, il est prolongé par une sculpture du christ rédempteur.La cloche bénie en octobre 1902 porte le nom de Joseph-Marie.

Le saviez-vous?

Au début du 20e siècle, l’effervescence du chemin de fer est à son apogée. Le Pont de Québec est en construction, les chantiers ferroviaires se multiplient et la main-d’œuvre locale est grandement mise à contribution. La grande majorité de la population de Saint-David travaille d’ailleurs pour l’une des trois compagnies de chemin de fer et particulièrement celle du Grand Tronc.Malheureusement, le métier de cheminot comporte de nombreux dangers et plusieurs ouvriers sont soit blessés, mutilés ou même tués. L’absence de prévention, de normes ou d’indemnisation a des conséquences désastreuses sur les travailleurs et leur famille. En guise de protection, les cheminots s’en remettent au saint patron des ouvriers : saint Joseph.C’est dans ce contexte que la chapelle Saint-Joseph est érigée par les employés du Grand-Tronc entre les années 1901 et 1902. Le monument est béni le 14 septembre 1902 par Monseigneur Louis-Nazaire Bégin, archevêque de Québec. Lors de l’occasion, celui-ci accorde 40 jours d’indulgence aux passants invoquant à trois reprises saint Joseph.

Une crypte, vraiment?

Cette trappe dans le plancher permet d’accéder à une crypte dans laquelle reposent les sépultures de deux anciens curés: l’abbé Hospice Desjardins (1847-1922), photographié ici, et l’abbé Onésiphore Cantin (1857-1924).La présence d’une crypte est peu commune dans les chapelles, à moins qu’elles aient été conçues à cette fin telles que les chapelles funéraires que l’on retrouve dans les cimetières. Habituellement, les chapelles de villages sont des chapelles de procession que l’on remarque aux entrées et sorties des villages, telles que celles situées à Lauzon sur la rue Saint-Joseph. On peut voir ici la photographie de l’abbé Onésiphore Cantin (1857-1924) dont la sépulture repose dans la crypte.

… presqu’oubliés

À une autre échelle bien sûr, on peut dire qu’il ne reste presque plus de traces du monde ferroviaire dans ce secteur de Lévis, à l’exception de la gare intermodale dans le secteur de la Traverse et de ce monument. Rappelons-nous que la chapelle Saint-Joseph témoigne non seulement d’une activité qui a longuement fait l’orgueil de l’économie lévisienne à travers tout le pays, mais elle rappelle la ferveur, les savoir-faire et la dure réalité d’une communauté ouvrière au tournant du 20e siècle qui nous a légué des monuments qui sont toujours aujourd’hui source de grande fierté.

Petite anecdote concernant l’archevêque

Monseigneur Louis-Nazaire Bégin a interdit aux catholiques d’assister aux représentations de la grande Sarah Bernhardt lors de ses visites au Capitole de Québec en 1905 et 1906. En guise de riposte, la dramaturge éclabousse le clergé et la population qu’elle juge sans culture et dominée par l’Église. Cet affront a bien failli mal tourner alors que des manifestants ont décidé de se rendre à la gare lors du départ de l’artiste. Conclusion : Sir Wilfrid Laurier s’est excusé de l’hostilité dont Madame Bernhardt a été victime et l’artiste n’est jamais revenue à Québec !

Une église miniature

On remarque 14 croix argent posées sur les murs de manière symétrique. Il s’agit des 14 stations du chemin de croix présentes depuis 1904. Lorsqu’on s’attarde au détail du plancher, on peut aussi constater que les planches centrales et transversales forment une croix. L’allée centrale, accentuée par l’effet du plancher, dirige l’attention vers le maître-autel. Les proportions de la chapelle permettent de bien visualiser ces détails, chose qui aurait été impossible dans un bâtiment de plus grand gabarit! Il n’y a pas à dire, avec sa voûte, son abside, son maître-autel, sa balustrade, ses verres colorés, son chemin de croix et sa crypte, on peut dire que cette petite chapelle possède les attributs de grandes églises!

Petit bijou

L'intérieur se distingue notamment par la présence du bois et par le jeu de lignes courbes (dôme, abside, ouvertures) et de lignes droites. Ces caractéristiques jumelées à la capacité du bâtiment (une trentaine de places) font de cette chapelle un lieu à la fois monumental et intime.Même si elle est aujourd'hui centenaire, son état d'intégrité et de préservation est exceptionnel. Pas étonnant qu'elle soit l'un des petits bijoux du secteur de Saint-David et l'un des trésors du patrimoine lévisien!

Une tradition, des métiers…

La chapelle Saint-Joseph a été entretenue, depuis sa construction jusqu’à tout récemment par les employés du chemin de fer. D’ailleurs, elle aurait longuement abrité des ex-voto en lien avec le domaine ferroviaire afin d’assurer la protection des cheminots. Aujourd’hui, il ne subsiste que quatre plaques de remerciement.